Aisne et ses affluents en Meuse 2017-2018

TRAVAUX DE RESTAURATION HYDROMORPHOLOGIQUES 2018 :
L’AISNE ET SES AFFLUENTS DANS LE DEPARTEMENT DE LA MEUSE

Les travaux de restauration hydromorphologiques réalisés sur le bassin versant de l’Aisne et ses affluents en 2017-2018 dans le département de la Meuse sont très divers :

  • Aménagement des traversées de village de Vaubecourt et Sommaisne ;
  • Plantation de ripisylves aux abords des sources de l’Aisne ;
  • Mise en défens des berges des pâtures par pose de clôtures et aménagement d’abreuvoirs.

1/ Aménagement de l’Aisne dans sa traversée de Vaubecourt

Au niveau du pont de la RD 2 à Vaubecourt, un seuil maçonné en équerre crée une retenue en amont sur près d’une centaine de mètres, impactant le milieu (eaux « stagnantes » et envasement). Cet ouvrage sert à alimenter un bras de l’Aisne où un moulin été installé. Ce moulin aujourd’hui n’existe plus. Ce seuil est difficilement franchissable (hauteur chute 50 cm), sauf sous certaines conditions hydrologiques en hautes eaux et pour certaines truites capables de franchir l’ouvrage.

Outre cette problématique de rupture de continuité écologique et d’envasement, en aval immédiat de l’ouvrage un passage à gué pour tracteur a considérablement élargi le cours d’eau (seul accès possible pour l’agriculteur à sa parcelle) : aux phénomènes d’atterrissements, d’envasement et de dégradation des berges et du milieu s’ajoute un impact paysager non négligeable dans cette traversée de village.

Ainsi, l’ouvrage a été totalement effacé et le passage à gué a été supprimé. Par conséquent, un pont-cadre sur le bras de l’Aisne longeant la RD 20 a été réalisé pour permettre à l’agriculteur d’accéder à sa parcelle sans détériorer le lit de l’Aisne. Enfin, un lit d’étiage a été façonné en adéquation avec le profil naturel du cours d’eau et les berges aménagées dans une approche paysagère (techniques végétales, plantations,…) en amont et aval de l’ouvrage. Une ripisylve a été également plantée en berge sur le lit principal et sur le bras de l'Aisne.

Localisation des aménagements

Photos avant les travaux

Seuil de l’ancien moulin de Vaubecourt

Seuil de l’ancien moulin de Vaubecourt
en plein cœur du village :
vue depuis le pont de la RD 20,
passage à gué et atterrissement en aval immédiat du seuil.

Autre point de vue du seuil et du passage à gué

Autre point de vue du seuil et du passage à gué
depuis le pont en période estivale.

Autre point de vue du seuil depuis le passage à gué

Autre point de vue du seuil depuis le passage à gué

Seuil complètement envasé, ainsi que l’entrée du bras de l’Aisne en rive gauche.

Photos pendant et après les travaux

Après travaux de désenvasement : dérasement du seuil.

Suppression du passage à gué et création d’un lit mineur dans l’axe du point : aménagement de banquettes végétalisées, maintenus en bordure par des boudins d’hélophytes. Apport d’un substrat au sein du lit mineur.

Resserrement du lit d'étiage sous le pont de la RD.

Mise en place d'un géotextile biodégradable sur la banquette de rive droite située dans l'axe du pont afin de se prémunir de problèmes de ravinement en cas de gros épisodes pluvieux et avant végétalisation des banquettes.

Création d'un micro-seuil sous forme de rampe en enrochement (chute < 10 cm en étiage), calé sur la cote de l'entrée du bras de l'Aisne, pour assurer une bonne alimentation du bras quelque soit le débit de l'Aisne.

Entrée du bras de l’Aisne désenvasé et réaménagé (entrée du bras calibrée avec réutilisation de pierres de taille issus du seuil démantelé).

Vue sur le lit mineur de l'Aisne réaménagé depuis la rive droite.

Vue sur le lit mineur de l'Aisne réaménagé et le bras de l'Aisne depuis le pont de la RD2.

Aménagement d’un accès agricole aux parcelles de rive gauche suite à la suppression du passage à gué (seul accès possible avant travaux). Aménagement d’un pont-cadre sur le bras de l’Aisne le long de la RD 2

Pont-cadre après travaux.

Lit mineur de l’Aisne : 1 mois après travaux (vue depuis le pont de la RD).

Lit mineur de l’Aisne :1 mois après travaux.

Plantation d’une ripisylve arbustive champêtre : début décembre 2018.

2/ Aménagement de l’Aisne dans sa traversée de Sommaisne

L’Aisne dans sa traversée de Sommaisne est canalisée et surélargie sur environ 200 ml. Les travaux de surélargissement et d’endiguement du lit mineur (muret en rive gauche et chaussée de la RD 187 en rive droite) ont été réalisés pour contenir et faciliter les écoulements en hautes eaux afin de limiter les risques d’inondation des habitations attenantes.

Cependant, la canalisation et le surélargissement du lit mineur créent plusieurs désordres hydrauliques en période de basses eaux. En effet, la surlargeur du lit mineur entraîne en basses eaux un étalement de la lame d’eau et la rivière manque alors de puissance, de force tractrice pour charrier ses alluvions (graviers, sables, limons et vases). La rivière se met donc à déposer un maximum de sédiments pour retrouver de la dynamique (la rivière essaye naturellement de retrouver un équilibre hydromorphologique plus conforme à son régime hydrologique). Les sédiments charriées par l’Aisne s’accumulent dans le lit mineur, formant des atterrissements épars, plus ou moins continus, qui finissent par se végétaliser. La prolifération de la végétation hélophyte dans le lit mineur freine davantage les écoulements et favorise à son tour les dépôts.

Le mode gestion jusqu’à présent mené par la commune pour traiter ses atterrissements et ainsi conserver une bonne capacité hydraulique du lit mineur et limiter au maximum les débords en période de crue, était un curage régulier du lit mineur. Mais le curage des sédiments ne permet pas de gérer durablement les problématiques d’envasement, car les phénomènes de sédimentation reprennent dès la fin des opérations de curage, demandant un renouvellement fréquent de ces opérations de curage. Par ailleurs, les dépôts de vases en période d’étiage peuvent également créer quelques nuisances olfactives. Ensuite, les opérations de curage sont également impactantes pour la faune aquatique : destruction des habitats, remobilisation des fines avec colmatage en aval des substrats propices à la reproduction de la truite, impacts sur la libre circulation piscicole avec les faibles tirants d’eau,… Enfin, l’impact paysager de ces opérations de curage et de l’envasement anarchique du cours d’eau n’est pas négligeable, alors que Sommaisne a ce privilège de bénéficier d’un cours d’eau qui traverse le cœur du village.

Par conséquent, le SMAVAS a réalisé divers aménagements du lit mineur de l’Aisne dans sa traversée de Sommaisne, pour gérer durablement les problèmes d’envasement tout en favorisant la vie aquatique et en créant une valorisation paysagère de la traversée du village. Ces aménagements intègrent également le problème de la déstabilisation du muret de rive gauche.

Localisation des aménagements 

 

Photos avant les travaux

Fort envasement du lit mineur dans toute sa traversée du village (200 ml), en raison de son endiguement et surélargissement pour limiter les risques d'inondations.

L’Aisne canalisée et endiguée dans sa traversée de SommaisneConsistance des travaux : créer un lit d'étiage pour éviter ces phénomènes d'envasement en basses eaux.

Passage à gué situé en sortie du village

Présence d'un passage à gué en sortie du village à supprimer.

Photos pendant et après les travaux

Désenvasement du lit de l’Aisne dans toute la traversée du village et dérasement de l’ensemble du muret maçonné de rive gauche déstabilisé et glissant dans le cours d’eau.

Remplacement du muret maçonné par des enrochements non gélifs.

Création d'un lit d'étiage.

Lit d’étiage créé par aménagement de banquettes végétalisées, maintenues par des boudins pré-plantés d’hélophytes, eux-mêmes maintenus par une rangée de pieux imputrescibles.

Lit d'étiage après travaux : lit de 80 cm de largeur, proche du gabarit naturel de l'Aisne au niveau des sources de l'Aisne (source située 300 m en amont du village). apport d'un substrat de graviers roulés dans le lit d'étiage.

Fermeture du passage à gué par création d’un lit d’étiage dans la continuité des aménagements réalisés en amont.

Repose de la passerelle et aménagement des sorties du pluvial.

Lit d’étiage après travaux (vue depuis l'aval).

Lit d’étiage après travaux (vue au droit de la passerelle, milieu du village).

Vue sur l’ancien passage à gué réaménagé.

 

Suite à un fort épisode orageux lors des travaux, l'aménagement a été mis à l'épreuve.

 

1 heure après l'orage, l'Aisne reprend son lit d'étiage.

L'ancien passage à gué réaménagé, après l'épisode orageux.

Le lit mineur réaménagé, à la fin de l’été (la salicaire commune en fleurs délimite le lit d’étiage).

La traversée de village en période de hautes eaux (décembre 2018) : banquettes inondées.

3/ Plantations de ripisylves aux abords de la source de l'Aisne

Plantation d’une ripisylve d’arbres et arbustes sur 200 ml de rivière depuis la source de l’Aisne (ripisylve absente avant travaux).

Plantations au droit de la source.

Vue sur les plantations en direction de la source de l’Aisne.

4/ Mise en défens des berges par aménagement de clôtures et de système d’abreuvement

Le libre accès du bétail au lit mineur du cours d’eau, du fait du piétinement, du broutage et des déjections animales a de multiples conséquences écologiques sur le milieu, mais également sanitaires pour le bétail et économiques pour l’exploitant :

  • Dégradation physique du lit et des berges : piétinement, glissement des berges, élargissement du lit, érosions, colmatage du substrat alluvionnaire, envasement, …
  • Impacts sur la ripisylve : broutage de la végétation, revégétalisation des berges impossible, détérioration de la diversité floristique des berges et du lit des cours d’eau, déstabilisation de la ripisylve, disparition des zones d’ombrages favorables au milieu et au bétail,
  • Pollution chimique, microbiologique et parasitaire de l’eau  par les matières sédimentaires remises en suspension, les urines et les selles.
  • Des dommages pour la truite: détérioration ou destruction des frayères par piétinement et colmatage vaseux des alluvions, cloisonnement du ruisseau interdisant l’accès aux frayères situées en amont, atteinte à la qualité de l’eau impropre à la vie des salmonidés.
  • Impacts sanitaires sur le bétail : Avec les selles de bovins dans le cours d’eau, la rivière devient une source de contagion, un réservoir et un vecteur d’infections microbiennes transmises par l’eau polluée telles que : Salmonelloses, Para tuberculoses, Colibacilloses, Leptospiroses, Brucelloses,… (Une étude menée par la CATER de Basse-Normandie en 2004 a démontré que les concentrations en « Escherichia coli » (bactéries intestinales) sont 800 fois plus importantes en aval d’un abreuvoir sauvage qu’à la normale). De plus, les bovins sont exposés à une maladie parasitaire majeure : la Douve du foie.
  • Risques de perte des jeunes animaux et de blessures

Avant les travaux

Le Thabas

Le Thabas (Brizeaux)
Piétinement du lit, colmatage du substrat,
pollution organique (déjections animales).

L’Aisne

L’Aisne (Sommaisne )
Détérioration des berges et du lit,
surélargissement, colmatage,…

La Marque

La Marque (Aubercy)
Libre accès du bétail au cours d’eau

L’Aisne fort sur-élargissement sur cette zone d’abreuvement

L’Aisne (Sommaisne)
Fort sur-élargissement sur cette zone d’abreuvement, végétalisation impossible et forte dégradation par piétinement.

Ainsi, un programme de mise en défens des berges a été effectué par le SMAVAS. Il est basé sur le volontariat des exploitants riverains, qui participeront financièrement au programme. Après inventaire de l’ensemble des linéaires de berges nécessitant une mise en défens, le technicien de rivière du SMAVAS a rencontré tous les exploitants concernés et une convention a été signée entre chaque exploitant et le SMAVAS fixant les engagements de chacun et modalités financières. Chaque exploitant garde le choix du type d’aménagement qu’il souhaite en termes de clôtures et de systèmes d’abreuvement, pour qu’ils soient les mieux adaptés à la configuration de la parcelle, à la configuration de l’exploitation et de l’élevage et au profil du cours d’eau.

Les types d’aménagement prévus sont :

  • Des clôtures fixes,
  • Des clôtures électriques fixes avec kit d’électrification
  • Des clôtures électriques semi-permanentes avec kit d’électrification,
  • Des descentes aménagées,
  • Des pompes à museau standard ou pour vaches allaitantes.
  • Des passages à gué.

Des passages d’hommes ont été effectués pour chaque parcelle clôturée afin de faciliter l’accès aux rives du cours d’eau pour les pêcheurs.

Au total, près de 15 km de clôtures ont été réalisés et une cinquantaine d’aménagement de systèmes d’abreuvement sur l’Aisne, le Thabas, la Marque et quelques affluents.

Après les travaux

Refaçonnage du lit mineur, pose d’une clôture à barbelés et pose de pompes à museau pour l’abreuvement du bétail (300 m en aval de la source de l’Aisne).

Pose d’une clôture à barbelés sur les deux rives et aménagement d’un passage à gué (système avec portes galvanisées modulables).

Pose d’une clôture à barbelés et aménagement d’une descente aménagée.

Pose d’une clôture à barbelés sur cet affluent de l’Aisne fort dégradé par le piétinement (Ruisseau de Balzème à Pretz-en-Argonne).

L'entreprise "Les Chantiers du Barrois" a réalisé l'ensemble des "travaux de restauration hydromorphologique et de rétablissement de la continuité écologique de l'Aisne et ses affluents en Meuse". Les travaux de pose de clôtures et de systèmes d'abreuvement ont été sous-traités pas l'entreprise "Gérard Deswartvaeger ".

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