CONSEILS TECHNIQUES POUR REALISER
UNE PROTECTION DE BERGE EN « GENIE VEGETAL » :
PRESENTATION DE QUELQUES TECHNIQUES RUSTIQUES
Le génie végétal, ou génie biologique, désigne la mise en œuvre des techniques utilisant les végétaux ("végétalisation") et leurs propriétés mécaniques et/ou biologiques, pour protéger les sols contre l'érosion et pour stabiliser les berges et les talus. Le génie végétal permet de réaliser une protection vivante inspirée des modèles naturels.
Très souvent utilisé pour protéger, stabiliser ou restaurer les berges de cours d’eau érodées, le génie végétal disposent de multiples intérêts et avantages par rapport à du génie civil :
Voici quelques techniques de génie végétal rustiques pouvant être facilement mises en œuvre, pour protéger, stabiliser et revégétaliser les berges/talus à moindre coût.
Attention tout projet de modification du profil en travers du lit mineur d'un cours d'eau (berge ou lit), doit au préalable faire l'objet d'une demande d'autorisation de travaux auprès de la préfecture !
"Cliquez ici pour connaître la Procédure réglementaire à suivre"
LE BOUTURAGE DE SAULES
Une bouture est un segment de branche (diamètre 2 à 4 cm, longueur = 80 cm) d’espèce ligneuse ayant une forte capacité de rejets (le saule quasi exclusivement se bouture très bien) que l’on plante isolément ou en groupe. Les sections mises en terre sont alors appelées, par reproduction végétative, à former un réseau racinaire et de nouvelles branches. De chaque bouture, naît un nouveau buisson/arbuste ou un nouvel arbre, en fonction de l’espèce choisie.
La mise en place de boutures constitue une méthode simple et économique pour entreprendre la végétalisation de sols et talus riverains.
Cette technique est également particulièrement adaptée pour densifier un couvert végétal existant, par exemple lors d’actions d’entretien et de gestion de milieux ripicoles, ou afin de pallier à un développement végétal nuancé d’anciens aménagements végétaux (fascines, couches de branches, lits de plants et plançons, caissons ; etc.).
- Cliquez sur le schéma ci-dessous pour agrandir -
LE TRESSAGE DE SAULES
Le tressage est une protection de pied de berge réalisée avec des branches de saules vivantes, entrelacées autour de pieux (morts ou/et vivants) battus mécaniquement. Cette protection, de par son effet mécanique, est capable de résister à des sollicitations relativement importantes dès sa mise en place.
Technique de protection de pied de berge adaptée au confortement de rive basse et plus particulièrement de cours d’eau de faible dynamique ou/et de petit gabarit (dont la largeur du lit mineur est inférieure à une quinzaine de mètres). Dans le cas de cours d’eau plus agressifs, plus puissants ou plus larges (incluant éventuellement des contraintes de batillage par exemple), on préférera une autre technique de stabilisation de pied de berge au moyen de végétaux ligneux : la fascine de saules.
Technique qui doit nécessairement être accompagnée d’autres aménagements végétaux en partie supérieure (couches de branches à rejets, bouturage, plantation de plants ligneux, etc.) dans le souci d’obtenir un ouvrage complet et efficace de stabilisation de talus riverains.
Technique souple et facile à adapter en fonction des irrégularités d’un site (présence de souches, de débouchés de canalisations en berge, etc.).
- Cliquez sur les schémas ci-dessous pour agrandir -
LA FASCINE DE SAULES
Le fascinage est une technique de protection de pied de berge réalisée par la mise en place de branches vivantes de saules (fascines), en alternance avec des matériaux terreux compactés, entre deux rangées de pieux battus mécaniquement.
Une fascine de saules constitue une méthode efficace dès sa mise en place, c’est-à-dire avant même la reprise de végétaux, pour stabiliser le pied de berges ou de sites fortement sollicités hydromécaniquement (par exemple sur des cours d’eau puissants ou en cas de contraintes de batillage, etc.).
De même que le tressage, la fascine de saules n’est jamais réalisée seule, elle doit s’accompagner d’une protection de surface de la partie supérieure du talus (couches de branches à rejets, bouturage dense de saules à travers géotextile, etc.).
Technique souple et facile à adapter en fonction des irrégularités d’un site (présence de souches, de débouchés de canalisations en berge, etc.).
- Cliquez sur les schémas ci-dessous pour agrandir -
LES COUCHES DE BRANCHES A REJETS
Les couches de branches à rejets constituent une technique de végétalisation ou un ouvrage de protection de talus par application et fixation contre le sol de végétaux ligneux vivants susceptibles de reprise et de croissance immédiate (branches de saules fixées, plaquées et maintenues au sol par des pieux et un treillage de fil de fer). Cette technique permettant la création de boisement dense est parfois dénommée "tapis de branches", "matelas de branches", voire "garnissage".
Technique de végétalisation adaptée à des surfaces situées à proximité de l’eau (partie inférieure ou médiane de talus riverain).
Technique de végétalisation/stabilisation de surface généralement associée à la mise en place de treillis de géotextiles tissés biodégradables en couverture des sols travaillés. L’association d’un tapis de branches et de ces treillis permet ainsi d’obtenir un ouvrage de protection des sols efficace dès la mise en œuvre (avant même tout développement végétal) et susceptible de faire face à des contraintes hydromécaniques fortes.
Parce que les couches de branches à rejets constituent une technique de végétalisation/protection de surface, elles sont souvent combinées à d’autres techniques de stabilisation de pied de berge (tressage ou fascines de saules, fascines d’hélophytes, etc.) lors de contraintes hydromécaniques importantes.
Au regard de la longueur des branches employées (parfois supérieur à 3mm), cette technique permet notamment de s’assurer d’une reprise végétale optimale dans le cas de berges confrontées à un niveau d’eau élevé en période printanière (cas réguliers pour des cours d’eau dont la période de hautes eaux se situe précisément en pleine période de démarrage de la végétation comme par exemple le Rhône, la Seine, la Loire, etc.). Il suffit, en effet, que les extrémités des branches demeurent hors d’eau pour conserver toute chance de reprise des matériaux végétaux.
Les couches de branches à rejets permettent un reverdissement rapide avec une très forte densité des nouvelles tiges développées.
- Cliquez sur les schémas ci-dessous pour agrandir -
⇒ Ci dessous des photos de chantier lors de la protection de berge réalisée par le SMAVAS sur l’Aisne à Vienne-la-Ville
Chantier vitrine réalisé en régie par le SMAVAS et les Brigades Vertes :
Berge sapée de rive gauche de l’Aisne en amont
du pont de Vienne-la-Ville
(avant travaux, en septembre 2013)
Berge gauche avant travaux (vue du pont)
Retalutage de la berge en pente douce
Mise en place à la pelle hydraulique de
2 rangées de pieux imputrescibles
disposés en quinconce en pied de berge,
pour réaliser une protection de pied de berge par fascinage de saules.
Au 1er plan, les fagots de saules récupérés sur site
(taille des saules présents en ripisylve)
Fascine de saules avant un nouveau battage mécanique des pieux,
pour bien compacter la fascine et tendre les fils galvanisés
Mise en place des fagots de saules
entre les pieux et fixation par fil galvanisé
Fascine de saules terminée
Mise en place en berge de couches de branches à rejets
et pose d’un géotextile biodégradable en fibre de coco
Mise en place de boutures de saules en berge
Protection de berge en « génie végétal » terminée
Vue sur la protection de berge depuis la rive droite
3 ans après travaux (hiver 2016) : aucune érosion constatée,
fascine intacte et forte revégétalisation des berges
La revégétalisation des berges a renforcé la stabilité de la berge,
grâce à un ancrage en profondeur avec le racinaire et à
une dissipation des forces d’arrachement en hautes eaux
avec les parties aériennes des végétaux.